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Grenoble !

Déclaration du 20 septembre 2025

Lucille Lheureux

Chers ami.es, chères ami.es écologistes,
chers amis, chères ami.es communistes, animalistes, de Génération.S, de l’ADES, de l’APRES et du réseau citoyen de Grenoble,

Nous sommes, vous êtes invité.es à aller voter demain.

Au lieu de me forcer à renoncer à m’engager, plutôt que de baisser les bras avec fatalisme, je suis là. Toujours là. Les pressions et les intimidations ont échoué. En 12 ans, je n’ai pas dévié de mes engagements et de mon honnêteté, je ne vais pas commencer aujourd’hui.

C’est pourquoi, je réfute le processus en cours. Je ne me résigne ni à retirer ma candidature ni à accepter en silence que le processus se déroule imperturbablement.

Choisir notre tête de liste pour l’élection municipale de mars 2026 devrait être une étape heureuse, joyeuse et pleine d’élan : l’aboutissement d’un processus collectif fédérateur, rassembleur, pourvoyeur de liens.

Au lieu de cela, nous vivons menaces, pressions, intimidations, rumeurs, attaques personnelles, humiliations, sexisme… je dis « nous » car si l’essentiel de ces faits me sont destinés, ils ont des répercussions et une intensité variable sur d’autres militant.es que moi, et ces faits nous concernent tous et toutes.

Il m’a été demandé il y a quelques semaines ce qui m’inspire en politique.

Je réponds aujourd’hui ainsi, par cette liste imparfaite et incomplète.

Ce qui m’inspire en politique, c’est la joie, la sincérité, l’intégrité, l’imagination, l’envie de transformer, l’espoir, la solidarité, la fraternité et la sororité, la justice et la justesse, la liberté… ce qui m’inspire en politique c’est dire ce que l’on fait, et faire ce que l’on dit. C’est l’honnêteté, le courage et l’humilité. Le partage, la confiance et la générosité. La lucidité.

Nous sommes engagé.es pour l’intérêt général, pour lutter contre les déterminismes et les dominations, et garantir l’intégrité et la dignité de chacune et de chacun. Il y a en nous l’espoir de donner envie de faire de la politique, de s’intéresser à la chose publique, de se sentir concerné.e par les affaires de la communauté.

Qui de nous n’a pas eu à répondre à cette question : « Mais pourquoi fais-tu de la politique ? Mais pourquoi crois-tu encore à la politique ? ».

Et qui de nous n’a pas répondu « Ici, à Grenoble, je fais, nous faisons de la politique autrement, de la politique vraiment. J’y crois, je le fais, c’est possible ! ».

Depuis 12 ans, les accrocs se sont succédé, les désillusions, les doutes… exercer le pouvoir c’est prendre le risque d’écorcher son image, c’est se confronter à la réalité, à des choix cornéliens, à des compromis qui frisent la fameuse compromission. J’y étais prête, je l’ai fait. J’ai fait partie de deux équipes, dont j’ai été et dont je suis solidaire.

Mais j’ai aussi acquis l’expérience et ressenti l’envie de conduire à mon tour une équipe. Profondément mue par la conviction que le pouvoir peut s’exercer autrement que par des « coups de pression ». Que l’on peut respecter ses allié.es, même quand ils et elles sont des contre-pouvoirs. Que l’on peut garantir le respect de chacune et de chacun, même quand le statut de l’élu.e local.e est imparfait et que le droit du travail ne le/la protège pas pleinement. Reconnaître et cultiver la force et la sincérité de l’engagement peut se faire dans le respect de l’intégrité des individus, qu’ils et elles soient élues, agent.es, collaborateur.es, militantes…

Je souhaite conduire une équipe pour construire ensemble quelque chose de plus grand que nous. Nos engagements individuels, mis en commun, contribuent à quelque chose qui nous dépasse.

Cela crée une puissance de transformation, une joie, un élan qui alimentent le courage de chacune et de chacun, le courage de tous. Je veux nourrir les étincelles de courage de celles et ceux qui me côtoient.

Ces derniers jours il a été beaucoup question de désertion, de chaise vide, il a été sous-entendu et il a été dit que je n’étais pas là, que je ne venais pas. Aux réunions, à la soirée « grand oral »…

Je n’ai peur de rien car je ne dépends de personne. Je suis debout, je suis déterminée, je dis, je dénonce. Pour autant, comme chacun.e des militant.es de nos organisations, j’ai droit au respect de ma personne, de mon intégrité, de ma sécurité, de ma santé. Ce qui m’est arrivé, ce qui m’arrive, se passe au sein d’une organisation. Oui, je reste encore et toujours candidate, une candidate du parti Les Ecologistes, pour conduire notre liste.

Mais que notre organisation de campagne n’ait pas accepté de mettre sur pause les événements planifiés, qu’elle me demande de participer à une soirée de présentation des candidat.es alors que je suis placée en arrêt par un médecin suite aux intimidations, pressions et à une situation dont d’autres qualifient en leur qualité de harcèlement, est inacceptable pour nos organisations politiques.

Depuis trois semaines, que nous arrive-t-il ?

Ce à quoi les refus de certain.es nous ont conduit depuis des mois. Le refus d’entendre que nous étions réellement plusieurs volontaires pour conduire notre liste. Que si certain.es jugeaient depuis le début que « les dés étaient pipés » il était tout de même de notre responsabilité de garantir à nos militant.es, à nos adhérent.es, la liberté de choisir leur.s candidat.es, pour la liste comme pour la tête de liste.

Nous avons été quelque unes, quelques uns à dire et redire que nous souhaitions mettre toute notre énergie à fonder et structurer notre collectif autour de nos idées, pour que de ce collectif une liste puisse être constituée, et qu’une tête de liste soit choisie parmi nous quatre pour conduire cette liste, et incarner notre collectif et notre projet.

Alors qu’il a fallu batailler des mois pour obtenir un processus de désignation à la place d’« un mouvement naturel », aujourd’hui le vote du 21 septembre [qui a été acté il y a seulement 2 semaines, après que les mouvements aient eu connaissance que j’avais subie des menaces, et sans m’avoir entendue à ce sujet] semble tout d’un coup devenu primordial.

Or la démocratie ne peut se résumer au vote. C’est aussi l’exercice des libertés. Pour les candidat.e.s, comme pour les électeurs et les électrices. Un vote sain, sans pressions, sans diffamation… un vote où l’expression libre, l’intégrité et la sécurité des candidat.es est garantie.

Je remercie Margot Belair et Nicolas Beron Perez pour leur soutien public, et je veux ici à mon tour apporter à Nicolas Beron Perez mon soutien.

Certains, certaines souhaitent pouvoir voter pour ma candidature demain.

D’autres, comme moi, n’acceptent pas que le vote soit maintenu dans ces conditions et ne peuvent se résoudre à l’entériner…

Je comprends chacune de ces attitudes. Face à l’injustice c’est d’abord avec soi-même que l’on doit se sentir en accord pour rester intègre.

Ce vote, et plus largement les deux semaines qui le précèdent, ne ressemble pas à ce que nous devrions faire, à ce que nous devrions être.

On ne construit rien de grand sur un socle aussi friable.

Nos partis, et plus largement notre famille politique, de gauche, écologiste, antisexiste, antiraciste,  décoloniale… a le devoir de regarder en face ce qu’elle produit. Se cacher n’est pas une option, la fuite en avant non plus.

Faire campagne, ensemble, uni.es, déterminé.es, est notre priorité commune.

On ne peut démarrer une campagne joyeuse et puissante sur de la violence, du sexisme, en ignorant et contournant les droits des militant.es, en occultant les mesures nécessaires à la préservation de la santé et de l’intégrité des candidat.es.

Alors que notre action politique devrait s’ancrer plus que toute autre dans l’éthique, alors que notre famille politique devra affronter l’un des corrompus les plus connus de France, nous devons accéder au pouvoir de la façon dont nous voulons l’exercer : avec éthique, honnêteté, joie, respect et humilité.

Lucille Lheureux